Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/36

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de pierre apparut, lorsqu’il fut tout près, il vit que plusieurs riches personnages y entraient en causant et en riant. Il les suivit. On le prit pour un serviteur accompagnant ses maitres et il fut aussitôt conduit dans une petite chambre claire, propre, ou un frugal souper était servi.

Jean était ravi ! Il se restaura longuement, puis s’étendit avec délices sur le lit. Cela valait mieux, hé ! qu’un fourré dans la forêt. Il s’endormit, revoyant les siens en rêve, ô bonheur ! Vers deux heures du matin, il fut réveillé par des coups frappés à sa porte. « Qui va là ? » cria-t-il, sans se lever. « Ouvrez, ouvrez, mon ami, dit une voix agréable et joyeuse. Il y a certes place pour moi dans votre lit. Je suis fourbu. Je viens de faire tout d’un trait six lieues à cheval… » Jean hésita. Il se rappelait la défense de son parrain : « N’occupe, sous aucun prétexte, une chambre avec un compagnon, mon enfant ! » — « Hé ! Hé ! reprit la voix avec impatience, êtes-vous rendormi, jeunesse ?… Ou bien, auriez-vous peur ?… Honte, vous n’êtes pas un bon chrétien, portant secours à votre prochain. » Jean se sentit rougir à ces derniers mots. Il courut ouvrir. Mais une fois son hôte entré, il se glissa au dehors, en disant : « Prenez ma place, brave cavalier, j’ai dormi suffisamment pour ma part. » Et il s’enfuit dans la forêt.

L’après-midi du même jour, alors que Jean finissait son léger repas, il entendit une plainte près de lui. Il tourna la tête et vit, s’appuyant à un arbre, un homme encore jeune, richement vêtu et qui semblait souffrir beaucoup. Il s’approcha, l’air compatissant.

« Qu’avez-vous, seigneur ? demanda-t-il. Puis-je vous servir en quelque chose ?

— Aidez-moi, jeune homme, à rejoindre une