Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/41

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plats au fumet délicieux, où il y avait force gibiers, volailles et rôtis étaient apportés sans cesse. Son verre se remplissait de liqueurs couleur d’ambre ou de rubis. Jean ne pouvait croire que tant de bonnes choses fussent servies en son honneur. Il s’exclamait, remerciait et vidait sans peine son assiette de vermeil. Au dessert, il se sentit un peu étourdi. Eh ! le jeune bûcheron ignorait le danger de tant de vins ingurgités !… Son hôte lui versait adroitement rasades sur rasades, tout en se gardant bien d’en faire autant pour lui-même. Mais ce détail… avec beaucoup d’autres, échappait au candide Jean, qui, visiblement, était suspendu aux lèvres bien disantes de l’infirme. À une captivante histoire de chasse succédait aussitôt une merveilleuse aventure de cape et d’épée. Comme tout cela était intéressant pour l’inculte Jean ! On a dit souvent, petits : « ventre affamé n’a pas d’oreilles ». Le jeune bûcheron faisait rudement mentir le proverbe. Il ne perdait ni une parole ni une bouchée.

On se leva enfin de table. Jean tressaillit. La nuit était venue. Il aurait dû depuis longtemps être hors de l’hôtellerie. Il voulut faire quelques pas vers la porte. Impossible ! Il chancelait, tout dansait autour de lui. Il se rassit, inquiet, dans un fauteuil que lui approcha son compagnon. Celui-ci avait peine à cacher sa satisfaction. Des éclairs de joie haineuse passaient dans ses yeux. Prudemment, il les détournait. Il fit boire un peu d’eau à Jean.

« Qu’ai-je donc, seigneur », dit le pauvre gar-