Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/85

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

se souder. Tous les tronçons, sauf un ! Un !… La fine pointe de l’arme ! Le roi attendit quelques minutes, puis décrivit dans l’air, du bout de son sceptre, un cercle magique. Il fit ensuite retomber le royal attribut sur le dernier tronçon. Il ne bougea pas.

Les cris reprirent dans la salle, aigus, assourdissants, semblables à des fifres en complet désaccord. De temps en temps, des mots, toujours les mêmes, perçaient le tintamarre : « Sire, la justice cède !… Clémence, sire, clémence ! »

Le roi attendit que le tumulte prît fin. Alors, de sa voix émouvante, il prononça : « Oui, c’est vrai, la justice cède… La résistance de l’épée m’en avertit. Gnomes, j’adoucis votre sentence. Vous vivrez. Mais durant les derniers mois que passera parmi nous votre élève, cette arme sera suspendue au-dessus de vos têtes. Il n’en tiendra qu’à Jean pour qu’elle accomplisse, en un instant, son œuvre sanglante. Gardes, conduisez les coupables dans une des caves profondes du souterrain. Ils y seront considérés comme des gnomes déchus, privés de tous pouvoirs enchantés. Et il en sera ainsi jusqu’à ce que l’expiation soit jugée suffisante, ce qu’il m’appartiendra seul de décider… Allez ! »

Dès qu’on eût traîné au dehors les pauvres petits accusés, inertes, méconnaissables, le roi reprit la parole : « Hélas ! il nous faut maintenant voir d’autres conséquences douloureuses de la faute d’un enfant sans courage… Gnomes, vous le savez, je ne puis épargner à personne ce spectacle… » La voix du petit roi se voila.

« Au miroir, au miroir », cria d’une voix fer-