Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/87

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dans l’âme de chacun un peu de la détresse et de la misère qui accablaient le roi et la douce petite princesse en larmes. L’interprète disait : « Grolo, notre ami cher, souffres-tu assez ?

Es-tu assez frappé dans tes affections comme dans chacun des actes de ta royale volonté ?… Tes gnomes fidèles, tu les appelles, n’est-ce pas ?… Hélas ! nous ne pouvons rien pour toi en ce moment, rien… Et demain, qui sait ? Ah ! si nous pouvions te secourir sans l’entremise d’un de tes semblables !…

« Grolo, notre ami cher, comme la dure domination de la reine Épine et de son parent, le seigneur de Rochelure te tient pantelant, misérable, désespéré… Ah ! tu ne connais que trop le pouvoir enchanté qui se cache derrière tes ennemis. La fée Envie triomphe. Sa cruauté invente chaque jour un supplice nouveau…

« Et toi, tendre petite Aube, les yeux de colombe ne connaissent plus que les larmes… L’ignoble union que rêve la reine va-t-elle donc s’accomplir ? Tu donnerais ta jeunesse, ta beauté, ta grâce au plus vil des êtres. Comme il te tient sous son regard fascinant de vipère !… Qui ne souhaiterait te délivrer de l’emprise de cet être méprisable, à la conscience éhontée ? »

Jean gémissait tout bas. Chaque parole de l’interprète lui semblait ainsi que le tourment d’un fin poignard entrant sans relâche dans sa chair vive.

Et quels sentiments contradictoires le bouleversaient ! Un émoi inconnu le tenait confus, haletant… Qu’était-ce que cet élan irrésistible qui le jetait vers l’exquise enfant blonde, qui pleurait silencieusement près de son père. Sa faiblesse et son trouble lui prenaient toute