Page:Daveluy - Le mariage de Josephte Précourt, paru dans Oiseau Bleu, 1939-1940.djvu/133

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dent qu’à passer, à ton égard, de l’admiration à un sentiment plus tendre. Ils sont dignes de toi, par ailleurs.

— Tu es cruelle de parler ainsi.

— Je parle avec bon sens, Josephte.

— Alors, si Olivier eût refusé ton amour, jadis, tu te serais consolée avec un autre ?

— Tais-toi, petite, par pitié.

— Tu vois, il y a des remèdes, pardonne-moi de le dire, qui semblent odieux.

— Josephte, murmura soudain Mathilde avec tendresse, en venant s’agenouiller près de la jeune fille qu’elle prit tout contre elle. Josephte, tu l’aimes donc beaucoup ce Michel que tu n’as pas revu depuis longtemps et qui semble nous délaisser ?

— Je ne sais plus… je souffre, voilà ce dont je suis sûre… Mais ne te désole pas ainsi pour moi. Il y a longtemps que je vis avec cette blessure… C’est tout ce qui me reste de Michel… Elle m’est peut-être plus chère que lui, aujourd’hui… Est-ce assez étrange ?

— Josephte, n’aie pas ces yeux fixes, sans larmes. Sois courageuse. Sois fière comme tu sais si bien l’être parfois.

— Il n’y paraîtra plus dans quelques heures, n’aie aucune crainte. Mais, ce soir, tu m’as presque forcée à me trahir… Quitte-moi, maintenant, cousine. Tu as tant à faire si tu