Page:Daveluy - Le mariage de Josephte Précourt, paru dans Oiseau Bleu, 1939-1940.djvu/142

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’avenir en perspective, je vous le disais tout à l’heure, je le répète encore. Alors, comment oser porter les yeux sur une étoile inaccessible. Non, j’aime mieux le comprendre moi-même et non l’entendre dire par des riches, me dédaignant… et sans pitié.

— Tu nous exceptes, j’espère, en parlant ainsi ?

— Certes. Et c’est justement parce que vous n’êtes pas ainsi que je ne puis mettre votre générosité à l’épreuve.

— Pauvre Michel !

— Vous me plaignez. J’ai raison, n’est-ce pas ?

— Il y a de nobles cœurs, partout, Michel, parmi les gens riches comme parmi les pauvres. Mais, crois-moi, il vaut mieux ne pas pousser les choses à l’extrême. Je comprends jusqu’à un certain point ta prudente réserve auprès de Josephte, comme de toute autre jeune fille. Tu n’as à leur offrir encore — je dis encore — aucun avenir. Mais de là à fuir toutes relations qui te plaisent, ou te feraient du bien au cœur, je crois que tu as tort. Un juste milieu ne serait-il pas préférable ?

— Vous me conseilleriez d’aller au-devant d’avanies, ou de peines probables ?

— Michel, la vie ne les épargne à personne. Il faut parfois ne pas comprendre certaines mesquineries, s’élever au-dessus d’elles, en tout cas. Et il faut en même temps s’épanouir, dilater son cœur auprès des quelques amis dont on a éprouvé l’amitié.