Page:Daveluy - Le mariage de Josephte Précourt, paru dans Oiseau Bleu, 1939-1940.djvu/22

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Précourt, la riche et charmante héritière n’aurait que faire vraiment du pauvre petit clerc qu’il était. Toujours bonne, elle s’efforcerait de cacher son embarras mais elle ne se sentirait pas moins gênée d’avoir à présenter à de brillants amis, cette ancienne et humble connaissance. Non, mieux valait pour Michel s’en tenir au mutisme qu’il gardait depuis maintenant trois ans. Mieux valait l’éloignement complet.

Cependant, Michel se reprochait chaque jour de ne pas être encore allé visiter le tombeau d’Olivier Précourt, à Saint-Denis. Même s’il craignait d’être reconnu, même si les circonstances le mettaient en présence de Josephte, ou de sa belle-sœur, la femme tant aimée d’Olivier, il fallait y aller, il fallait remplir ce pieux devoir du souvenir reconnaissant. Un samedi matin, entendant le premier coup de sifflet du bateau qui se mettait en route pour Saint-Denis, il n’y tint plus. Il courut obtenir un congé de M. Berthelot, demandant à s’absenter jusqu’à lundi après-midi seulement. M. Berthelot avait tout accordé et mis même dans la main de son nouveau clerc, si laborieux, une petite enveloppe avec ses premiers et minces émoluments. Michel avait couru alors à sa pension, située tout près, et avisé de son départ la grosse dame sans façon qui le logeait ; puis, toujours au pas de course, il avait sauté dans le bateau, au moment même où l’on retirait l’embarcadère. Il monta sur le pont et se retira à l’écart. Il vou-