Page:Daveluy - Le mariage de Josephte Précourt, paru dans Oiseau Bleu, 1939-1940.djvu/304

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Tu me vois, tu m’entends, n’est-ce pas ? Michel, mon bien-aimée Michel !

— Josephte, murmura faiblement le jeune homme… toi ! Que fais-tu… ici ?

— Je te soigne, je veille sur toi, je t’arrache à la mort… Car je ne puis plus vivre sans toi… je le comprends, va, maintenant, Michel.

— Je ne comprends pas… beaucoup, moi, au contraire. Mais ne me quitte pas… Je t’aime tant, Josephte, moi aussi… Je ne souffre presque plus… quand je te vois…

— Plus jamais nous serons séparés, Michel.

— Merci… tu es bonne… de me tromper… ainsi. Non, non, garde ma main… Jules ne peut… le défendre… en ce moment.

— En ce moment, ni plus tard, Michel… Crois-moi !

— Oui, Josephte. Mais j’aimerais dormir gardé par toi, ainsi… Reste… ne pars pas… je…

Et de nouveau Michel fut enlevé à toute conscience. Mais il semblait cette fois reposer paisiblement. Le médecin qui entra bientôt prononça enfin le mot que Josephte attendait depuis tant d’heures d’angoisses et de douleurs : « Sauvé petite, il est sauvé !… Mais veillez-le bien encore. Aucune autre visite d’ici à deux jours… Et ne lui parlez qu’à peine vous-même… Faites encore ce dernier sacrifice, mon enfant, » avait ajouté le vieux praticien, en pressant doucement la petite main de la jeune fille qui pleurait de bonheur, agenouillé, au pied du lit.