Page:Daveluy - Le mariage de Josephte Précourt, paru dans Oiseau Bleu, 1939-1940.djvu/37

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— Il y faut du temps. Et durant la lutte, le trésor que l’on convoite tombe en d’autres mains.

— Quelle insistance ! C’est d’un petit monsieur qui a peur de se battre, laisse-moi être franc. Et puis, il peut t’arriver de compter des atouts dans ton jeu… Mais nous raisonnons dans le vide. Au fond, sais-tu, tu ignores la puissance de ton amour pour Josephte. Quel levier magnifique que cet amour ! Seulement, en ce domaine, tu t’ignores toi-même.

— Mais j’aime Josephte… de tout mon cœur !

— Oui, oui, mais sa figure d’enfant, vois-tu, se mêle trop, dans ton imagination, aux traits de la belle jeune fille que tu n’as pas encore vue, après tout.

— Cela ne changerait en rien mes sentiments.

— Tu n’as qu’à voir, petit innocent ! Tiens, suis mon conseil. Pars pour le Canada. Séjournes-y durant quelque temps, car je ne puis me faire à l’idée que tu me quitterais tout à fait. Quand tu reviendras près de moi, je t’entendrai chanter le même thème, mais sur un autre air. Va, mon enfant.

— Je vais réfléchir… Peut-être avez-vous raison.

— Allons, surtout, relève la tête. Espère. Si l’on ne cultive pas tous les espoirs quand on