Père, regardez. Je ne pourrai donner au pauvre sauvage qui est malade de bonnes confitures. Ça n’est pas bien.
En effet. Ça n’est pas bien. Je suis très coupable. Mais je vais expier mon crime en ta compagnie, enfant. Dès que les visiteuses seront sorties de la cabane de Joseph, nous irons avec M. Olivier voir un tout petit sauvage, guéri miraculeusement, il n’y a pas très longtemps, et baptisé par nous. Tu offriras à sa maman les confitures. Mais avant, asseyons-nous tous trois ici, je vais te raconter la belle histoire du nouveau petit chrétien.
Si Charlot est heureux ! Une histoire ! Bien vite, il se glisse auprès du jésuite qui, paternellement, le prend sur ses genoux. Et Julien l’idiot, satisfait du bonheur de Charlot, ouvre lui aussi des yeux curieux. Ce bon père doit parler fort bien, il en est sûr !
Les jeunes filles, à l’invitation du père de Quen, sont entrées dans la cabane. Nahakhich gît sur un lit fait de branches de sapin que garnissent de bonnes couvertures données par les Repentigny. Une peau de castor est étendue sur les pieds du malade. À ce moment une femme sauvage verse à boire à Nahakhich, tandis qu’Olivier Le Tardif, agenouillé à droite, soutient sa tête. Dans un coin de la chambre, un garçonnet de huit ans assemble sans bruit quelques copeaux.
Nahakhish aperçoit vite les visiteuses. Ses yeux ont une lueur d’attendrissement. Olivier Le Tardif se lève et s’avance vers elles.