cueillir quelques joncs souples tout près d’ici. Puis suivez-moi à ma chambre. Dans un coffre, je viens d’apercevoir un grand nombre de feuilles artificielles de laurier, probablement destinées à une parure d’autel. Vous en tresserez des couronnes. Car c’est ce que vous avez de mieux à faire, petits : couronner le vainqueur.
Que je suis contente !
Je n’aurais jamais trouvé cela, moi.
Ni nous.
Vite à l’œuvre. Et pas un mot, puisque c’est une surprise.
La course est annoncée à grand son de trompe. Elle aura lieu à deux heures de relevée. On hâte le repas du midi afin que chacun puisse procéder à sa toilette. Les jeunes filles se vêtent de blanc, les petites filles de bleu et de rose, les petits garçons de velours bleu marine avec de riches fraises de dentelle.
À une heure et demie le rassemblement se produit. Un dais rouge semé de lis d’or de France est élevé au-dessus des sièges des gouverneurs : MM. de Montmagny et de Châteaufort. Les voici, précédés de soldats jouant du clairon, accompagnés de quelques gentilshommes de leurs maisons. Les jésuites, les pères Le Jeune, Buteux et du Marché suivent, et près d’eux se tient l’abbé de Saint-Sauveur. Puis voici Jacques Hertel, en pourpoint cramoisi, et des gants à frange d’or ; Jean Godefroy, en bleu-de-roi orné de passementeries