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Les aventures de Perrine et de Charlot

Est-ce le froid qui frappe son dos, car la muraille en arrière est devenue toute de glace ? Est-ce la chaleur qui lui brûle les pieds, un gros feu est fidèlement entretenu au centre de la cabane ? Est-ce la fumée qui étouffe parfois au point que l’on croit en mourir ? Sont-ce enfin les chiens, les bêtes rôdent librement, goûtent à tout, passent sur la figure des dormeurs ?

Enfin, le printemps vient. Tout se colore et chante de nouveau. L’air est tiède, fortement chargé de résine, et l’on couche maintenant « à l’enseigne de la lune. » Charlot s’en réjouit plus que tout autre, pauvre petit civilisé, perdu au milieu des bois, menant une existence pénible, sale où il n’y a de loi morale d’aucune sorte ! À revoir le printemps l’enfant songe, le cœur bien triste, qu’il y a maintenant un an d’écoulé depuis son enlèvement. « Comme on l’a dû chercher ! … Comme on doit le pleurer le croyant mort !… Et Perrine, ma Perrine, gémit Charlot, que fait-elle ?… M’aime-t-elle encore ?… »

L’été venu, Charlot semble supporter avec moins de patience sa captivité. Grandelet et mince, il a acquis beaucoup de force physique. Les enfants sauvages n’osent plus l’ennuyer, sachant si on en vient aux mains, que la victoire ne sera pas de leur côté. Non, tous préfèrent s’adresser à sa complaisance qui est extrême, et à son habileté. Pas un d’entre eux ne peut aussi rapidement que Charlot, tendre un arc, raccommoder un filet, ajuster un mocassin, tailler une raquette.

Charlot s’exprime facilement en langue iroquoise. Les femmes sauvages la lui ont apprise en retour des petites tâches pénibles qu’il leur épargne de bon cœur. Aussi, un jour, profite-t-il de sa science pour supplier ses ravisseurs de le