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Les aventures de Perrine et de Charlot

ramener à Québec. « Une récompense, une belle, leur sera sûrement offerte, explique-t-il, car Charlot compte beaucoup de bons amis là-bas. » On se moque de lui, sa voix est couverte de mots grossiers, et brutalement on l’expulse de la tente. Le sagamo (capitaine), ajoute même entre ses dents, que l’on a décidé d’aller vers l’Ouest, de s’y enfoncer, bien avant, dès la semaine prochaine.

Assis, en cet après-midi de juillet, au pied d’un arbre, à l’entrée d’un bois épais, Charlot est atterré. « Ainsi, pense-t-il, on va mettre une plus grande distance entre Perrine et moi. Je ne la reverrai donc plus, jamais, jamais… » Sa tête se renverse en arrière, ses yeux se ferment, il ne bouge plus. Ah ! à quel désespoir muet, se livre le pauvre enfant !

Un craquement sourd, près de lui, se fait entendre. Un autre. Charlot dresse l’oreille, se gardant de remuer même le bout du doigt. Seuls, ses yeux s’entr’ouvrent légèrement. Et alors, que voit-il à une faible distance ? Une douzaine de Hurons couchés à plat, tomahawks entre les dents, et s’avançant en rampant, vers les tentes des Iroquois. Les compagnons de Charlot, à cet instant satisfaits d’un copieux repas à la suite duquel l’on a pétuné (fumé) abondamment, somnolent. C’est une occasion unique de les surprendre, de s’emparer de leurs provisions et de leurs bagages. Les femmes et les enfants qui auraient pu donner l’éveil, viennent de s’éloigner, à la recherche de fruits sauvages.

Que va faire Charlot ? Avertir ? Il sera saisi, tué avant d’avoir atteint la première tente. Crier ? Il risquera sa peau pour un piètre résultat, puisqu’il ne fera que précipiter l’attaque. Il se décide à ne pas agir.

Quelques secondes plus tard, avec leur affreux