Pourquoi, mon fils ?
Parce qu’on me donnera de riches présents lorsque je le ramènerai là-bas, près d’Ononthio.
Bien. Mais dans un mois tu seras à l’île de Miscou.
Et alors tu sais bien que notre frère le capitaine « Iouantchou » t’emmènera avec lui dans son voyage par delà la grande mer, chez le puissant sagamo des Français.
Le petit me suivra. Il me suivra où que j’aille. Pas d’autre que moi, te dis-je, le ramènera. Les présents sont pour moi. Et puis, il parle notre langue sans compter la sienne. Je le chargerai de faire le guet sur mon bien. On ne me jouera ni ne me volera ainsi, dans le grand pays des Français.
Fou, fou !… Tu es moins sage, mon fils, que nos chiens qui n’ont pas d’esprit. Les pères de la prière, à Miscou reconnaîtront le petit visage pâle. Est-ce que sa peau, est-ce que ses cheveux ressemblent aux nôtres ? Et va-t-il se taire en revoyant les siens ?
Un silence. Charlot halète. Que va répondre celui auquel il appartient sans retour, et qui n’a souci que de ses intérêts, âme misérable et vénale ?
Je n’ai pas d’esprit, as-tu prononcé. Ho !… Ho !… C’est vite dit. Je vais si bien peindre