Peu m’importe ! Tu ne frapperas plus ce Français sans défense. Les robes noires ne t’ont donc pas appris que le Grand Capitaine qui a fait le ciel condamne et maudit ceux qui font mal aux tout petits.
Mon frère Iouantchou s’imagine-t-il que cela me plaît de garder ce chien de petit Français ? Il me met à mal partout. Je m’en déferais avec joie, pourvu que l’on me cédât quelques pièces d’or. Mon frère n’en aurait-il pas ?
Tu le sais bien que je ne possède rien, avare sagamo ! Toi qui vois briller le métal où qu’il se trouve, tu m’aurais déjà dérobé ce que tu convoites plus que tout au monde. Les larcins te sont coutumiers. Ta main ou ton pied sont plus vifs à saisir que ton cœur à aimer ou à s’émouvoir. Mais tu vas me promettre de laisser en paix cet enfant, ou je vais me fâcher pour tout de bon. Sagamo, m’entends-tu ?
C’est bien, c’est bien, fils du grand Iouantchou, je me conformerai à tes ordres.
Charlot reconquiert ainsi sa liberté et un bien-être relatif. Il en profite pour faire de longues promenades dans les environs de Paris, en compagnie des deux jeunes sauvages qui écoutent ses explications. L’enfant parle si bien la langue huronne !
Mais, parfois, durant la nuit, alors que le sommeil lui est refusé, Charlot songe à l’entretien pénible qu’eurent à son sujet les deux sauvages. Il se dit que, moyennant un peu d’or