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Les aventures de Perrine et de Charlot

lement des tambours succède à la voix vibrante. Les gardes entrent, une épée nue à la main, précédant les Suisses aux uniformes chatoyants, riches, de couleurs très vives. Les sauvages ferment les yeux. Ils se sentent éblouis. Ce faste sans égal fatigue leurs regards. Et les tambours qui battent sans interruption, blessent leurs oreilles. Enfin un cri un seul, est jeté : « Le roi. » Louis XIII, grave et digne, s’avance. Il s’incline bas devant l’autel, puis rejoint à pas lents le prie-dieu. Il s’absorbe dans l’adoration. Les sauvages fixent leurs yeux sur le monarque et tant que dure la cérémonie ne les en détournent pas. Ils sont profondément impressionnés et remarquent combien l’attitude du souverain témoigne de foi ardente ! « Le grand sagamo français, se disent-ils, supplie le Père en paradis avec la même ferveur que les hommes de la prière, là-bas, dans le pays de Canada. »

De retour à l’auberge, Iouantchou fils garde le silence. Toute la journée, il va, vient dans un recueillement inaccoutumé. Interrogé, le soir, par le père jésuite, curieux de connaître ses impressions, le sauvage lève sur lui un regard plein de feu : « Nikanis, ô Nikanis, j’ai tout vu, puisque j’ai vu ce matin le roi. Quand partons-nous ? »

L’audience royale est cependant accordée aux sauvages, à la date indiquée. Remettant leurs beaux ajustements, ils franchissent le seuil du palais du Louvre. La vue des escaliers de marbre, des galeries ornées de sculptures, des tableaux, des tapisseries luxueuses, de la lumière ne filtrant qu’à travers d’immenses vitraux coloriés à mailles de plomb, toutes ces richesses les charment et leur apparaissent ainsi qu’un décor d’une beauté irréelle.

On fait antichambre une heure. Les sauvages deviennent fort intéressés. Des huissiers à