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Page:Daveluy - Les aventures de Perrine et de Charlot, 1923.djvu/215

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Les aventures de Perrine et de Charlot

parée, l’éclatante beauté d’Anne d’Autriche resplendit. Les sauvages qui, d’abord, osent à peine lever les yeux sur elle, avec quelle révérence ils la contemplent maintenant. La reine d’un geste de la main appelle Mademoiselle de Hautefort, sa fille d’honneur. Elle lui dit quelques mots à voix basse. Mademoiselle de Hautefort sort vivement et peu d’instants après, revient, accompagnée d’une dame de la cour et d’une nourrice splendidement enrubannée. Celle-ci porte sur un coussin de soie pourpre, marqué aux quatre coins des armes de France, le royal poupon encore au maillot. C’est le dauphin, le futur roi-soleil, Louis XIV, âgé de quatre mois. On le présente aux sauvages. Avec respect, ils le considèrent ; puis chacun d’eux baise gravement un bout de la frange de pourpre.

Louis XIII se soulève. Il ordonne à son tour. Son désir est aussi promptement satisfait que celui de la reine. Dans la salle du trône six Suisses pénètrent, les bras chargés d’habits magnifiques. On n’aperçoit que « toile d’or, velours, satin, panne de soie, écarlate. » C’est le cadeau du roi aux nations que représente Iouantchou fils. Les Hurons, dans l’enthousiasme, expriment leur reconnaissance séance tenante. Avec la permission du roi, ils exécutent une des danses religieuses de leur pays. Puis l’audience se termine. Ils ressortent, s’empressant auprès des vêtements fastueux, preuve de la bienveillance royale.

Dans la cour intérieure du palais, un carrosse très sobre, entouré de gardes nombreux, vient de s’immobiliser. Le père jésuite reconnaît les couleurs cardinalices et fait signe aux sauvages de porter les yeux de ce côté. Tous voient sortir de la voiture un personnage grand, mince, pâle, couvert de pourpre et d’hermine, un large rabat sur la poitrine, une calotte de soie sur la tête. Au