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Page:Daveluy - Les aventures de Perrine et de Charlot, 1923.djvu/225

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Les aventures de Perrine et de Charlot

tures. Il apparaît tout vêtu. Cela va sauver du temps, et la veille au soir, comme les deux jeunes sauvages, qui reposent près de lui, fort occupés l’un de l’autre, ne le regardaient pas, il s’était vite couché ainsi. Charlot s’approche des deux lits voisins. Quelle respiration régulière et paisible soulève la poitrine des dormeurs ! Il s’éloigne. Il pénètre dans la chambre des trois sagamos. Charlot doit la traverser pour atteindre le grand corridor de la maison. Le capitaine huron et son compagnon ronflent bruyamment.

« À la bonne heure, » se dit Charlot. Au passage, l’enfant dépose sur le lit de son maître les pièces d’or enveloppées dans sa blouse bleue. Maintenant le voilà debout, auprès d’Iouantchou. Son cœur bat à se rompre. Dort-il ou ne dort-il pas son constant défenseur ? Quelle étrange immobilité est la sienne ! L’enfant se penche. Soudain, comme si Iouantchou eût senti le chaud regard de l’enfant posé sur lui, il ouvre les yeux, et se dresse sur son séant. Charlot a juste le temps de se glisser sous le lit. Le sauvage, durant quelques instants, regarde curieusement autour de lui. « Qui va là, » dit-il à voix basse ? N’apercevant personne, ne recevant aucune réponse, il se rejette en arrière et bientôt se rendort. Charlot demeure encore un bon quart d’heure sans remuer ; puis, lentement, il se soulève, place près de l’oreiller d’Iouantchou une petite enveloppe bien close et sort. D’un bond il traverse le corridor et atteint la galerie. Il enlace un des piliers, suit sa courbe capricieuse du haut jusqu’en bas, et, plus tôt qu’il ne l’aurait cru, met le pied sur le sol. La rue déserte s’offre à sa vue. De quel côté va-t-il diriger ses pas ? Hé ! Charlot le sait bien et malgré lui sourit de plaisir. Il ira, aussi vite que ses jambes affaiblies le permettront, jus-