Page:Daveluy - Les aventures de Perrine et de Charlot, 1923.djvu/245

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
245
Les aventures de Perrine et de Charlot

est reçu avec de grosses larmes de joie par le vieil Ephrem. Il n’est pas lent à reconnaître le frère de la petite Perrine qu’il aimait tant, qu’il se reprochait de ne pas avoir gardée auprès de lui plus longtemps. « Les événements auraient pris une autre tournure s’il s’était rendu lui-même avec les petits chez la tante Le Jeal, » avait-il coutume de répéter. Il fallut que Charlot promît de venir le voir tous les jours, d’ici à son départ pour le Canada. « Ta vie, tes aventures, petiot, il faut du temps avant que tout cela se range dans ma vieille tête, » finit-il, riant et pleurant tout à la fois.

La bonne hôtesse, de son côté, a une longue entrevue avec le chanoine qui se rend chaque jour auprès de Mme  Le Jeal. La maladie de celle-ci pouvant s’aggraver d’un moment à l’autre, il était bon qu’un prêtre se tint à sa disposition. D’ailleurs, la pauvre femme réclame sans cesse les secours de la religion. Ses fautes passées, son égoïsme, son avarice la plongent dans des accès de désespoir. Le chanoine est heureux d’apprendre que les petits-neveux d’Offranville vivent encore. Sa malade lui en parle fréquemment, « craignant de ne jamais pouvoir expier ses torts envers eux. » « Ah ! Madame, dit le prêtre, que la Providence est miséricordieuse ! Voyez quelle douceur elle ménage au repentir brûlant de ma pénitente. Ce cher petit n’aura qu’à apparaître à son chevet pour qu’elle se sente aussitôt plus en paix avec Dieu, avec le monde, avec elle-même. Ce sera la douce colombe lui apportant le gage du pardon divin. »

Il est convenu que le jour suivant, dans l’après-midi, la bonne hôtesse se présentera avec Charlot chez la tante Le Jeal. On attendra le chanoine au salon.

Avec quel soin, le lendemain, la bonne hô-