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III

Le rêve


Perrine et Charlot sont rentrés dans leur maison silencieuse, pleine de doux souvenirs. Pour la première fois, seuls, ils verront venir la nuit, seuls, ils assisteront à la conquête de l’ombre, qui envahira mystérieusement toutes choses.

Perrine le veut ainsi. Sa visite chez le curé, la conversation étrange qu’elle y a entendue, provoquent en son âme un trouble extrême. Elle souhaite autour d’elle un peu de solitude.

Le soir vient. Charlot se laisse mettre au lit sans protester. Il est heureux d’être seul avec Perrine, sa « petite mère, » ainsi qu’il se plaît à l’appeler. Les deux enfants, suivant leur habitude, s’agenouillent et joignent leurs mains. Ils prient Jésus de les bénir à l’approche de la nuit. Le danger rôde peut-être, à la faveur de l’ombre… Hélas ! ils n’ont plus ni papa, ni maman pour veiller sur eux, pour écarter le mal de leur chemin.

Après une dernière caresse à Perrine, la tête de Charlot retombe. Ses yeux se ferment. Il dort doucement, paisiblement.

Mais les yeux de la petite fille demeurent