quelle distinction dans la démarche gracieuse et souple de la visiteuse ! Interdit, Charlot se lève. Il salue timidement. La bonne hôtesse en fait autant.
Mon petit ami, venez, approchez-vous sans crainte.
Chère Madame, j’apporte une bonne nouvelle. D’abord, cette noble dame que je vous présente, c’est Madame Marie-Madeleine de Chauvigny de la Peltrie. Elle est aussi vaillante, que pieuse et généreuse. Ayant résolu de travailler à l’éducation des sauvages, elle va fonder un couvent d’ursulines dans le lointain Canada. Elle s’embarque prochainement.
Alors, je pars, moi aussi, Monsieur le chanoine ? Madame… je…
Oui, oui, petit, je vous amènerai là-bas. Je connais votre histoire Charlot, et brûle du désir de vous entendre la raconter vous-même. Vous me narrerez beaucoup de détails, n’est-ce pas, concernant les contrées où je vais habiter avec vous ? Ah ! ces pauvres enfants sauvages, qu’ils m’attendrissent à l’avance, que je les aime déjà !
La voix de la grande dame normande est si douce, si suave, que Charlot, fasciné, se glisse près du fauteuil, encore plus près, sa petite figure extatique, toute tendue de plaisir et d’intérêt.
Le chanoine se met à rire. « Madame de la Peltrie, dit-il, voilà votre première conquête ca-