Charlot. Tu te souviens du beau pays dont a parlé le récollet, hier ?
Pas beaucoup, Perrine. Mais si tu sais, toi, je prendrai ta main, et nous marcherons aussi longtemps qu’il le faudra.
Sans jamais dire où nous allons, frérot ? Écoute, il faut que tu me promettes de ne jamais ouvrir la bouche là-dessus. Tu m’entends, tu n’en parleras à personne.
Pas même à M. le curé ?
Cela ne sera pas nécessaire. Nous partons dans une heure. Va jouer, maintenant, Charlot. Je vais préparer nos paniers. Il y en aura deux. Dans l’un seront nos vêtements. Dans l’autre des provisions.
J’en porterai un, petite soeur. Mes bras sont forts.
Très bien.
Charlot s’éloigne. Il est pensif. Mais bah ! Perrine est grande. Et raisonnable donc ! Il la suivra. Il sera muet… comme le sourd-muet du village, pour lui faire plaisir. Il ne faut pas d’ailleurs contrarier Perrine, lorsqu’elle ne veut pas quelque chose. Oh ! non. Cela il le sait bien. Et elle ne veut pas aller chez la méchante tante. Elle ne veut pas, certes,… ni lui non plus. Il rit tout à coup, et se laisse glisser dans le sable chaud et doré.