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Les aventures de Perrine et de Charlot

épouse de Jacques Le Neuf de la Poterie ; Jeanne Le Marchant, veuve de Mathieu Le Neuf du Hérisson, de Caen, en Normandie, Marie Le Neuf ; Madeleine Le Neuf, épouse de Jean Poutrel du Colombier ; Marie Favery, épouse de Pierre Le Gardeur de Repentigny ; et enfin la jolie Marie-Madeleine de Repentigny. Ces femmes gracieuses pressent contre elles des petits garçons et des petites filles. Tout ce petit monde est attentif et s’étonne du bruit et du mouvement que suscite le départ.

À quelques pas seulement de ceux-ci, un autre groupe retient les regards. Il est formé de six religieux, — des jésuites, — et de M. de Courpon, le capitaine de vaisseau. Une douce et lumineuse figure, celle du père Jogues, resplendit au milieu d’eux. Une mission d’héroïsme, désirée depuis longtemps, commence pour le religieux aimant.

Enfin !… lentement, le navire s’éloigne. Les yeux se mouillent, les attitudes se raidissent, l’on fixe avec intensité ce coin de terre de la noble France que l’on quitte pour toujours. L’appel de la « Nouvelle-France » s’est fait impérieux.

Un observateur attentif apercevrait, en ce moment, collées à la vitre du hublot, deux têtes enfantines. Reconnaîtrait-il, comme nous, la blonde Perrine et son frère Charlot ? Eux aussi, regardent fuir, disparaître dans le lointain, Dieppe, la bonne ville normande. Les mignonnes et craintives petites figures ! Qu’une mère vigilante, les entourerait vite de ses bras sauveurs !… Hélas ! Perrine et Charlot ne peuvent invoquer cette douceur, et seuls, un peu transis, apeurés, fatigués aussi, ils retournent se blottir au milieu de bagages de toutes sortes. Depuis deux jours, ils n’ont plus que ce gite.

Vers le soir, Perrine insiste. Il faut que