Page:Daveluy - Les holocaustes, 1935.djvu/10

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Perrine devra toujours ignorer ce que je médite d’obtenir…

— Qu’est-ce que je vois, Perrine ? reprit l’aïeule plus haut. Tu as une missive ?

— Bien courte, madame, où l’essentiel seul est inclus. Mais comme cela compte auprès de moi, de vous aussi ; Vous allez en juger.

— Lis, ma petite enfant.

— Voici :

Ma chère Perrine,

Par un hasard que je bénis, un jeune soldat de mes amis se met en route pour le Canada sur le navire du capitaine Tadourneau. Ce vaisseau ne précédera que de quelques semaines celui où je m’embarquerai moi-même… car je puis enfin prendre la route du Canada, à dessein de ne plus jamais le quitter. Toutes ces questions concernant l’héritage de la tante Le Jeal sont maintenant résolues et à notre avantage. Puis, mon exil a assez duré ; les plus célèbres médecins du monde me jugeraient guéri de tant de chocs successifs, sinon assagi d’âme, ou devenu ami de nos perfides Iroquois. Sais-tu quelle bonne nouvelle m’apportait hier, le gouverneur de Montréal ? Qu’un grade de lieutenant à tenir dans la garnison de Ville-Marie m’avait été obtenu, grâce aux influents Messieurs de Montréal. Je retourne d’ailleurs avec MM. de Maisonneuve et d’Ailleboust, qui se montrent d’une bienveillance extrême pour ton frère. À bord se trouveront aussi quatre Messieurs de Saint-Sulpice, venant apporter aux Montréalais le bienfait d’un clergé paroissial. Ce sont : M. de