Page:Daveluy - Les holocaustes, 1935.djvu/111

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événement tragique venait d’avoir lieu. Elle désira tout savoir, une fois que Perrine eut répondu à son seul mot : « Charlot ? »

— Non, non, Lise. Mon frère n’est pas concerné en cet horrible attentat. Il poursuit en ce moment les assassins dans les bois… Ton frère et d’autres soldats le rejoindront dans cette chasse aux abominables traîtres Iroquois. Nous en aurons des nouvelles dès ce soir ».

En apprenant le malheur qui frappait justement cette gentille Mathurine Godé, et qui la privait à la fois de son mari si bon, si croyant et de son vieux père, Lise ne put s’empêcher de verser des larmes. Elles les essuya cependant en disant courageusement : « Allons de ce pas, Perrine, auprès de la pauvre petite veuve de vingt ans !… De vingt ans !… C’aurait pu être moi », finit-elle en frissonnant.

Les corps des trois victimes revenaient à Ville-Marie vers cinq heures. Quel deuil chez tous les colons ! Que le glas résonnait dans tous les cœurs. Nicolas Godé, venu de France, avec M. de Maisonneuve, dès 1641, était un digne vieillard de 74 ans. Jean de Saint-Père, que tous aimaient et consultaient volontiers à Ville-Marie, n’avait que 39 ans. Le convoi fut suivi religieusement jusqu’à l’endroit de l’inhumation. Les trois cadavres mutilés furent déposés, au milieu de prières, dans le même sépulcre. Puis, M. de Maisonneuve conduisit lui-même à l’hôpital et remit entre les mains de Jeanne Mance la pauvre Françoise Gadois,