Page:Daveluy - Les holocaustes, 1935.djvu/14

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se lever un peu chaque jour. Sa surprise égalait sa reconnaissance envers Dieu qui lui donnait du répit. Elle pourrait donc revoir Charlot. Chaque jour, avec Perrine, elle parlait de cet événement qui allait certainement bouleverser l’existence de la jeune fille. Elle suivrait le jeune ménage dans la sanglante Ville-Marie. L’aïeule s’en attristait. La vie héroïque des Montréalistes la jetait sans cesse dans l’admiration, comme la plupart des Québécois, mais à cette admiration ne s’était joint jusqu’ici aucun autre sentiment. Presque tous les siens demeuraient à Québec. Il y avait bien sa fille, Marguerite, la femme du commandant de La Poterie, qui résidait au Fort des Trois-Rivières, poste exposé tout autant que celui de Montréal à la cruauté iroquoise. Mais comme elle y avait demeuré elle-même quelques années, au milieu et sous la protection immédiate de braves et endurants soldats, elle ne pouvait parvenir à juger l’endroit aussi périlleux que Montréal. Puis, cette résolution de Charlot d’aller désormais vivre à Ville-Marie, en qualité d’officier de la garnison ne faisait qu’augmenter ses craintes. Charlot ne désirait-il pas toujours se jeter au plus fort de la mêlée, là où le danger était imminent ? Puis, ces Iroquois, qu’il avait si bien connus dans ses diverses captivités, alors qu’enfant, puis jeune homme, il passait de longs mois auprès d’eux, l’effrayaient fort peu. Il dépistait les ruses des barbares avec succès ; il se montrait aussi habile