Page:Daveluy - Les holocaustes, 1935.djvu/196

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Je mourrai… vous ayant à mes côtés, vous regardant jusqu’à la fin… jusque… sur le seuil… de l’éternité !

— Lise, ne dis pas ces choses qui me torturent. Toi, mourir ! Je saurai bien t’empêcher de me quitter.

— Non, Charlot. Il ne doit se dire que… la vérité entre nous… Je m’en vais… en plein bonheur…

Une larme glissa des yeux éteints. Elle tomba sur la main de Charlot. Avec un gémissement celui-ci s’abattit sur le lit et un sanglot le secoua. Mais il se redressa bien vite, se reprochant ce mouvement de faiblesse.

— Lise, dit-il, le médecin est ici. Il va tenter l’impossible pour te sauver. Je vais le lui ordonner. Tu es résignée. Tu acceptes le calice. Mais moi, moi, mon sacrifice n’est pas fait. Je veux que tu vives… Nous sommes trois maintenant à avoir besoin de ta tendresse.

La malade sourit. Elle posa sa main tremblante sur la tête de son mari.

— Tu as vu… notre belle petite… Elle ressemble à ta sœur.

— Je trouve qu’elle a tes yeux, ton front.

— Elle te rappellera mon souvenir… Aime-la bien, Charlot…

— Lise, tais-toi. Par pitié !

— Dieu nous impose la douleur d’une séparation… Il faut, il faut courber la tête, adorer sa volonté.