Page:Daveluy - Les holocaustes, 1935.djvu/20

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jeune fille devait revenir par un des navires de cette année. Puis, le soldat était reparti, et Perrine apprenait par un des domestiques, à qui elle fit signe de parler bas, Mme Le Gardeur n’étant pas réveillée, semblait-il, toutes ces nouvelles qui firent battre son cœur à grands coups. Charlot pouvait bien être à bord de ce navire.

Elle se calma, songeant qu’il lui faudrait user de prudence auprès de Madame Le Gardeur. De fortes émotions provoqueraient une crise nouvelle, peut-être fatale, cette fois.

Elle pria durant quelques instants. Non, la Providence ne permettrait pas que sa chère protectrice la quittât au milieu de ce grand bonheur : le retour de Charlot et l’arrivée du petit Pierre. Elle aurait assez de forces, la bonne aïeule, pour bénir et presser sur son cœur cet ange que le Ciel envoyait pour panser la blessure que Charlot avait toujours au cœur, devant l’aimante et perspicace Perrine.

Lorsqu’elle se releva, elle vint frapper à la porte de Madame Le Gardeur. Toute sa prudence naturelle bridait sa joie et tenait en alerte son esprit.

« Entrez, fit la voix de Madame Le Gardeur.

— Comment vous sentez-vous, ce matin, Madame ? demanda la jeune fille.

— Les nerfs calmes, petite, mais le corps bien las. Je vais paresser au lit une partie de la journée.