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1 — Perrine apprend une surprenante nouvelle[1]


Catherine de Cordé, la vieille et douce protectrice de Perrine et de Charlot, fit approcher sa chaise longue de la fenêtre, à gauche de sa chambre, puis souhaita d’être seule. Elle plongea son regard sur la route conduisant au Fort. Elle soupira. Comme Québec s’enveloppait de factice quiétude en ce bel après-midi du 21 juin 1657. Qui aurait osé gémir sur l’insolence grandissante des Iroquois, en face de ce ciel d’azur ? Qui voudrait confirmer, en écoutant les oiseaux, en recevant cette brise chantante, la rumeur qui voulait que le gouverneur, Charles de Lauzon-Charny, au caractère à la vérité trop débonnaire, se montrât si découragé de la situation qu’il ne songeait qu’à retourner en France, et cela, même si le vicomte d’Argenson, le nouveau gouverneur, n’arrivait pas cette année, tel que promis.

Mais qu’était cela en ce moment ? Une autre anxiété serrait le cœur de l’aïeule. Que faisait Perrine ? Que voulait dire cette promenade interminable ? D’habitude, sa petite garde-

  1. Première partie du troisième et dernier volume des Aventures de Perrine et de Charlot. Voir la collection de l’Oiseau bleu, années 1921, 1931 et 1932.