Page:Daveluy - Les holocaustes, 1935.djvu/51

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de Maisonneuve n’avait-il pas désiré ce qu’accomplirait demain le jeune homme ? Madame de Repentigny ne l’avait-elle pas suggéré, pour d’autres raisons ? Il cédait à ces deux pressions, voilà tout. La coïncidence n’était qu’apparente. Les paroles d’une inconnue ne pouvaient avoir un tel effet sur un esprit aussi maître de lui qu’était celui de M. de Senancourt. Perrine se remit donc de son trouble, au point de désirer saluer le jeune homme plus amicalement que d’habitude. Mais lorsqu’elle le chercha des yeux avant de monter à sa chambre, elle vit qu’il avait prestement disparu, dès les premiers bonsoirs échangés.

Le lendemain, sur la prière instante de sa belle-sœur, elle accompagna Charlot, sur la grève dès cinq heures du matin. Une belle journée d’été s’annonçait. La brise soulevait légèrement les courtes vagues bleues, chargées de soleil, du Saint-Laurent. Des chaloupes, quelques canots se voyaient au bord de l’eau, maintenus par des soldats et quelques Hurons. Charlot paraissait d’une humeur fort agréable. Il bavardait avec Perrine, sans paraître s’apercevoir de la mine mélancolique de la jeune fille, qui ne pouvait aussi vite que son frère se mettre au gai diapason général. Au contraire, cela lui faisait un peu mal. Dieu, que l’oubli était chose facile, même chez les meilleurs ! Elle