Page:Daveluy - Les holocaustes, 1935.djvu/79

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En entendant la voix de Lise proférer en tremblant ce cri d’affection ardente, Charlot s’était levé et pris à marcher de long en large. Eh ! il savait bien que tel était l’état d’âme de la jeune fille très frêle, extrême en tous ses sentiments, qu’il avait épousée. Et lorsque l’occasion se présentait de réentendre l’expression de sa tendresse pour lui, il en éprouvait une sourde gêne. Jamais, il ne pourrait lui rendre, en tous points, cet amour exclusif… Sa nature aventureuse l’emportait bien au delà du cercle familial. Il avait la nostalgie de l’action au dehors, de l’action quelle qu’elle fût. Parfois, tout en tenant affectueusement la main de sa femme, ou en regardant dormir l’enfant qu’il chérissait pourtant, il rêvait de chasses, de courses lointaines, à travers les forêts, les lacs et les plaines.

Puis, il ne le savait que trop, il ne pourrait résister à un appel au combat… Le sort du moindre de ses frères ferait frémir sa main sur son épée ou son mousquet, et il partirait… quand même les larmes des siens retomberaient sur son propre cœur… Charlot se disait sans cesse en soupirant : « Sommes-nous toujours responsables de ce feu intérieur qui couve sans rémission et commande si impérieusement à nos actes, parfois ? » Mais en ce bel après-midi d’août où tout était à la joie