Page:Daveluy - Les petits Patriotes du Richelieu, paru dans Oiseau Bleu, 1937-1938.djvu/125

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prit ensuite congé, mais non sans avoir très bien compris ce que lui souffla sa sœur à l’oreille : « Olivier, les affaires sont plus avancées que je croyais. Walker fait la cour à Mathilde avec une assurance que je m’explique mal. Qu’en pense, au fond, notre sérieuse cousine ? Vois-la au plus tôt. »

Mais Olivier, en arpentant à grands pas la rue Notre-Dame, décida du contraire. Mathilde ne l’aimait plus comme il y avait quelques mois. C’était visible. Avec quelle froideur elle l’avait accueilli ! Et puis, cet Anglais proclamait déjà sa victoire par toute son attitude d’amoureux bien vu dans la maison d’une future fiancée.

« Toutes les femmes se ressemblent donc ! soupira Olivier. Les plus sérieuses et les plus intelligentes se laissent prendre comme les autres aux charmes d’un riche étranger… Dès demain, il me faut bannir le souvenir de Mathilde… Elle ne mérite plus que je vois en elle un être d’exception, dont je ne voulais rêver jusqu’ici… qu’à genoux, ma foi. Trois femmes me faisaient révérer, vraiment, le sexe féminin : Ma mère, si tôt partie, hélas ! Ma grand’mère avec sa fine bonté et sa distinction, et ma cousine… Mathilde, que je nommais avec tant de douceur : ma bien-aimée, mon unique…