— Cet officier anglais, c’est un si bel homme, Mathilde !
— Et vous ?
— Il est terriblement épris de vous ?
— Et vous ?
— Il est riche.
— Vous aussi.
— Votre père l’aime.
— Mon père vous aimait aussi avant que vous affichiez trop ostensiblement vos idées de patriote.
— Vous me blâmez ?
— L’amoureuse, oui ; la Canadienne, non !
— Quel conflit ! Qui sera victorieuse ?
— Je remets mon sort entre vos mains.
— Non, mon amie, vous serez une Canadienne amoureuse qui regardera en face son devoir, et le fera quoi qu’il en coûte.
— Olivier, mon père ne consentira pas d’ici longtemps à notre mariage. Je refuserai le capitaine Walker, puisque je ne l’aime pas, mais comme mon père m’en voudra de le décevoir ! Vous n’aurez aucune chance.
— Nous attendrons, ma chérie. Aussi bien, les événements sont menaçants. Il vaut mieux ne pas faire de projets définis.
— Olivier, j’ai peur.
— De quoi donc, ma chérie ?
— De votre tempérament héroïque. Vous me sacrifierez sans hésiter, si votre patriotisme l’exige.