Page:Daveluy - Les petits Patriotes du Richelieu, paru dans Oiseau Bleu, 1937-1938.djvu/15

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nonchalante même, ce qui ajoutait encore au mystère de ses yeux bleus, très beaux, quoique si froids.

Olivier et Marie Précourt étaient les enfants d’un premier mariage de Benjamin Précourt avec une héritière de Montréal. Ce mariage n’avait pas été heureux. La jeune épousée ne pouvait se faire à ce petit village perdu du Richelieu, disait-elle. Son mari, un militaire distingué de Sorel, l’y avait conduite peu de temps après son mariage pour y exercer les fonctions d’avocat et de notaire. Il aimait beaucoup, lui, ce coin ombré et clair du Richelieu. Il l’avait choisi et y acquerrait bientôt une clientèle et une grande influence.

Très bon, Benjamin Précourt voyait l’hostilité croissante de sa femme pour le joli village de Saint-Denis.

Un jour, il se résolut de guerre lasse à tout abandonner pour s’en aller habiter à Montréal où les parents fortunés de sa femme lui promettaient de l’aider. La mort soudaine de cette dernière, emportée en quelques jours par une fluxion de poitrine, vint rendre son sacrifice inutile. Il demeura donc dans la vieille et solide maison grise, auprès de ses deux enfants, âgés de huit et six ans. Quelques années plus tard, il se remariait avec la fille d’un habitant des environs. Cette seconde femme était douce, pai-