Page:Daveluy - Les petits Patriotes du Richelieu, paru dans Oiseau Bleu, 1937-1938.djvu/291

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ses nerfs trop secoués… Bien ! Et maintenant, madame Précourt, vous allez vous mettre au lit avec une nouvelle potion que je vais prescrire. Aucun adieu, voyons ! Ma femme et moi nous retournerons au village. Ma voiture est ici, vous le savez.


XVII. — LE SOIR DE LA DÉFAITE DE SAINT-CHARLES


Olivier revit donc son aïeule, dans la soirée de ce 23 novembre inoubliable. Ils échangèrent peu de mots, mais restèrent longtemps la main dans la main, silencieux, émus, reconnaissants envers Dieu de ce nouveau bienfait de la vie conservée.

Avant qu’Olivier se retirât, la grand’mère le pria de s’agenouiller afin que sa main pût bénir sa folle tête héroïque. Il lui semblait qu’alors Dieu avait pitié, comme elle, des gestes de révolte de ce petit-fils qu’elle aimait, vraiment, plus qu’elle-même en cet instant. Olivier avait courbé la tête sous les paroles de sa grand’mère et quand il la releva, il y avait des larmes dans ses yeux si ardents, sans peur, et qui la défiaient encore, en leur douloureux et hautain désespoir.

Toute la journée du lendemain, une assez forte fièvre retint le jeune homme dans sa