Page:Daveluy - Les petits Patriotes du Richelieu, paru dans Oiseau Bleu, 1937-1938.djvu/43

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— Allons, cher confrère, dit Nelson, en souriant, ne soyez pas si craintif. Que demandons-nous ? Qu’on nous rende justice, autrement que par les humiliantes résolutions de l’impertinent Lord John Russell. Cela ne vous fait pas sursauter d’indignation, que l’on dispose ainsi de nous là-bas ? C’est d’une insolence…

— Ne nous y trompons pas, interrompit le Dr Duvert. Là-bas, à Londres, que sait-on de vrai, de bon sur nous, pauvres Français, les vaincus d’il y a trois quarts de siècle, et dont la survivance n’est qu’une question de peu d’années, pour l’Angleterre. Nos pires ennemis sont ici, vous le savez bien, docteur ?

— Nous en avons même parmi notre race, prononça d’une voix sombre, Marchessault.

— Mon cher Marchessault, méprisons cela, du moins pour le moment, fit Olivier, qui arpentait nerveusement la place. Aucun pays au monde ne peut se vanter de n’avoir jamais connu de lâches, de traîtres, de faux frères, d’espions, que sais-je encore ! C’est la lie, le fond du verre, ce dont les meilleurs vins ne se trouvent pas toujours exempts… Et que peuvent-ils ces rampants, ces sots… ou ces aveugles, contre un groupement, qui ne craint pas la mort, mais la reddition et qui place le bien de la patrie, avant celui de son village, de sa province même. Nous aurons la victoire ou nous périrons. Honte à qui accepte la servitude…