Page:Daveluy - Les petits Patriotes du Richelieu, paru dans Oiseau Bleu, 1937-1938.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Quelque bavardage que tu as pris au sérieux, sans doute ?

— Je le voudrais. Mais le fait a été de nouveau confirmé, hier soir, chez les Saint-Ours, par ce jeune officier avec lequel j’ai dansé plusieurs fois.

— Ce qui m’a tout à fait vexé, étant donné les circonstances. Mais ce que tu peux fuir mon regard en ces occasions.

— Je te connais si bien.

— Que te disait-il, ce danseur, dont les cheveux, pardonne-moi, ressemblent à une tire manquée de la Sainte-Catherine ?

— Naturellement, tu n’as vu en lui que des défauts… Quels yeux il a, pourtant, cet officier !

— Oh ! assez ! Au fait, Marie.

— Voici. Il arrivait de Montréal, figure-toi, mon danseur, et m’a parlé des rares salons français où il a été reçu. Un soir, paraît-il, un officier de ses amis, amoureux d’une belle jeune fille… je n’ose continuer.

— Pourquoi pas, Marie ? Notre cousine Mathilde possède assez de charmes pour qu’on lui fasse beaucoup la cour.

Mais le front rembruni du jeune homme démontrait qu’il était atteint par le bavardage de sa sœur.

— Sans doute, Olivier. D’ailleurs, on peut aimer Mathilde sans être assuré de la réciprocité d’un pareil sentiment. Jusque-là, je