Page:Daveluy - Michel et Josephte dans la tourmente, paru dans Oiseau Bleu, 1938-1939.djvu/109

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son père… Michel payait la rançon du temps et de l’affection qu’elle partageait maintenant avec des petits enfants qu’Olivier avait placés pour quelque temps entre ses bras… Pauvre papa ! se disait-elle. Sa nature peu généreuse, ne peut comprendre que le cœur grandit sans cesse, et à la mesure de l’affection que l’on donne à autrui… Hélas ! puis-je lui en vouloir d’être sentimentalement pauvre ?… Et une grande pitié lui envahit l’âme, une douceur miséricordieuse envers tous… Envers son père, qui souffrait, quoiqu’il se montrât injuste ;… envers Michel que son cœur d’enfant esseulé rendait si sensible aux froissements ;… et pitié, enfin, pour elle-même, dont la tâche allait devenir si ardue, alors que son propre cœur portait une blessure chaque jour grandissante… le souvenir d’Olivier la torturait, la brûlait, car elle le savait malade, là-bas, dans la froide cellule de sa prison, sans soins, sans douces paroles, sans rien, rien qui pût alléger sa peine et ses regrets. Mais elle domina, par un grand effort, tout ce trouble intérieur. Elle commanda à ses nerfs, à ses sentiments, à sa révolte contre tant de souffrances accumulées… Elle se leva. Elle fit lever Michel, en le tenant toujours pressé contre elle.

— Allons manger un peu, mon petit Michel. Nous remonterons ensuite bien vite. Tu courras