Page:Daveluy - Michel et Josephte dans la tourmente, paru dans Oiseau Bleu, 1938-1939.djvu/168

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avait bien vingt minutes que le docteur était venu… Il serait grondé.

Michel s’enfuit donc, après avoir baisé avec ferveur les mains exsangues et frémissantes du jeune homme qui murmura encore : « Michel, obéis-moi… embrasse Josephte et… oh ! personne, personne d’autre… va, va, mon brave petit !… »

Mais avant de franchir le seuil, et tandis que le garde tournait le dos, le petit garçon revint mettre un petit mouchoir parfumé entre les mains du prisonnier lui soufflant : « Il est à la princesse… Je le lui ai pris… un soir qu’elle pleurait… Chut ! chut. »

Une fois hors des murs de la prison, Michel prit la grande route et fila aussi vite que ses jambes le lui permirent. Il s’aperçut que le soleil allait disparaître à l’horizon et se dit qu’il devait bien être sept heures. Vite, vite, ah ! qu’il aurait voulu voler plutôt que de marcher… Courir était dangereux à cause de tous ces soldats qu’il rencontrait… Enfin, le faubourg Québec fut devant lui… Dans dix minutes, il frapperait à la porte de sa vieille amie. La maison apparut. Le petit garçon se coula près des croisées, ouvertes assez basses, et tendit l’oreille. Josephte parlait… Une autre voix se mêlait à celle de la petite fille. Elle disait : « Ma bonne Mathilde, ne vous énervez pas ainsi. Notre petit Michel s’en tirera… Il y a une Providence pour les enfants courageux et pleins de cœur »…