Page:Daveluy - Michel et Josephte dans la tourmente, paru dans Oiseau Bleu, 1938-1939.djvu/265

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de qui que ce soit conserver cette faiblesse. Une tenue élégante me plaira jusqu’à la fin, je le vois. Mais… que tout cela est d’une futilité triste… » Olivier se jeta un moment sur son divan. Il se releva bientôt. La demie de onze heures venait de sonner. « Quel silence m’entoure ! continua-t-il à monologuer. Je suis bien seul… avec tous mes souvenirs… Pauvre chère grand’mère, est-il possible que votre ombre ne se glisse pas près de moi, en des instants comme celui-ci !… Que diriez-vous de me voir aussi déchu, près, plus près de la mort, que vous ne le fûtes jamais en votre santé fragile, précaire, mais qui n’eut jamais le caractère moribond de la mienne… Grand’mère, comme je vous désirerais près de moi… Je me sens, en cette maladie qui m’éteint graduellement, le cœur pitoyable, faible, comme celui d’un petit enfant. J’aurais besoin de la tendresse de vos bras, du réconfort de votre voix si douce… Je n’aurais pas à fuir votre amour, n’est-ce pas, comme je dois fuir, avec tant de cruelle persistance, cet autre amour que vous connaissiez… qui me blesse, me torture, quoi que je fasse… Mais, s’exclama soudain Olivier en se rapprochant vivement d’une table, où est le portrait de Mathilde ?… Il était là, ce matin encore, à ma portée… Qui m’a volé ce seul bien qui me reste… Qui a eu cette audace ? Qui ?… C’est étrange, à n’y rien comprendre… Peut-être Mi-