Page:Daveluy - Michel et Josephte dans la tourmente, paru dans Oiseau Bleu, 1938-1939.djvu/9

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rault me chasse. Il ne m’aime pas du tout, ton vieux cousin.

— Alors, ne quittons pas Saint-Denis. Cachons-nous dans la cave.

— Et les soldats ? Les vilains Habits rouges, qui vont venir, cette nuit, peut-être ? Il nous trouveront tout de suite.

— Oh non, non, je ne veux plus les voir… Michel, sauvons-nous, vite, avec Sophie. Tiens, elle descend l’escalier avec sa malle. Écoute, le bruit qu’elle fait. Et elle parle toute seule.

— Chut ! Josephte. Parlons plus bas. Regardons-la s’éloigner de la fenêtre. Tu vois, elle ne sait plus ce qu’elle fait. Elle part sans même nous dire un mot d’adieu.

En effet, la vieille domestique, trop fortement secouée par les événements, perdait la notion de tout. Elle se rendit en divaguant et en traînant après elle sa malle, jusque sur la grande route. Elle levait les poings vers le ciel, poussait des cris. Tout à coup, elle se mit à courir dans la direction de Saint-Denis, abandonnant tout son bagage, pleurant et vociférant toujours.

— C’est terrible, Michel, souffla Josephte, en pressant nerveusement le bras de son compa-