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une révolte au pays des fées

L’assemblée trépigna. Des exclamations sortirent de tous les coins.

« Es-tu folle, Envie ? criait-on… Où est ton esprit, fielleux mais clair ?… Tu radotes ! Aux armes, aux armes !… Nous allons être foudroyés… Voyez, ce vent, cette pluie, ces décharges électriques !… À plus tard ta revanche, hein !…

— En effet, vociféra tout à coup l’Étranger du Champ-du-diable de Rigaud, en profitant d’une accalmie de la tempête, l’heure est grave. La bataille finale s’engage. Aux armes, compagnons ! Qui que vous soyez. Laissons Envie faire de l’éloquence… Les dogues, les serpents et tous les crapauds de Rageuse l’admireront pour nous. Il faut vaincre, vaincre, entendez-vous ? Finissons-en avec nos ennemis, eux si doux, si bons, même quand ils nous écrasent, ah ! ah ! ah !… Emparons-nous de leurs privilèges. Aux armes ! aux armes ! » rugit-il en terminant, l’épée haute.

Le désordre fut à son comble. Un cliquetis d’épées et de sabres rendit la scène étourdissante. Peu à peu, cependant, un assemblage régulier des forces se pratiquait. Les sorciers et les mauvais génies en tête de chacun des groupes donnèrent quelques ordres auxquels on obéit. Le Magicien africain se rapprocha de la belle fée toujours enchaînée, immobile et voilée. « Que Votre Majesté veuille prendre la tête de nos troupes… Je propose à l’instant cette mesure à l’assemblée… Vous ne refuserez pas, je suis sûr, de nous servir de bouclier, Madame. Venez, venez ! »

En prononçant ces derniers mots, le Magicien voulut poser sa main sur le bras de la fée.