XXIII
LES DERNIERS GESTES DE POLICHINELLE
UNE
effroyable décharge électrique en s’abattant
soudain sur la caverne épargna à Polichinelle la
peine d’inventer quoi que ce soit. La plupart des
torches fumeuses s’éteignirent, renversant, comme morts,
des centaines de lutins. Des clameurs horribles se firent
entendre, suivies d’appels vibrants : « Aux armes ! Aux
armes ! À l’instant ! Sortons ! Sortons d’ici ! » Le désordre fut général. Chacun courait, vociférait, se groupait
au petit bonheur sous la conduite des génies, des ogres et
des vieux sorciers expérimentés. On se réveillait enfin, et
pour tout de bon cette fois. On admettait l’imminence du
péril, trop tard, hélas !
Polichinelle profita des cris, des allées et venues pour s’entretenir sans témoin avec le duc. Il lui remit avec prestesse son petit théâtre de marionnettes. Ne venait-il pas au moyen d’une représentation interrompue de sauver la princesse Aube, son fils, Louison, Cloclo et Don Quichotte.