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les derniers gestes de polichinelle

foudre tomba sur la caverne. L’effroyable décharge électrique eut vite changé en un immense champ de cendre chaude l’emplacement des quartiers généraux des rebelles. Plus de trace de rien. Tous les habitants merveilleux s’étaient enfoncés instantanément dans les entrailles de la terre avant même de l’avoir pleinement compris et senti.

Un grand silence mélancolique succéda, durant une heure, à la tempête. Puis de légers vrombissements se firent entendre. Des avions en nombre infini parurent et survolèrent le lieu du sinistre. D’abord, ce furent de grands navires ailés, de ton bleu, vert et or sous le commandement de l’Oiseau bleu. Les occupants en laissèrent tomber une fine pluie tamisée. Elle refroidit aussitôt le champ de cendre et le transforma en quelques minutes, partie par partie, en un gazon velouté. Ce fut ensuite le tour des avions blancs et argent sous la conduite de Peter Pan, de Petit Poucet et du Bon Petit Diable. Ils lancèrent sur le gazon des roses, des lis, des violettes et en telle abondance, qu’ils parfumèrent à l’instant l’atmosphère soufrée d’il y avait à peine une heure. Dans le même moment, un peu plus loin, des profondeurs d’un précipice, sortaient une procession innombrable de gnomes, de lilliputiens et de petits génies, chargés d’or, de pierreries, de sièges exquis, faits de nacre si pure, si irisée, qu’elle en éblouissait les yeux. Au milieu de ces nains aux pas vifs et sautillants, aux lèvres chantonnantes, resplendissait un minuscule équipage. Il était d’ivoire et de corail et traîné par des hermines caparaçonnées de perles, de diamants et de petits coraux. Sur les coussins de velours blanc, on y reconnaissait, souriants, un peu émus, des gnomes, Petite Poucette, Alice du pays