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une révolte au pays des fées

pieds ; à son dos, pendait une lourde poche ; sur sa poitrine, retombait une chaîne qui soutenait un sifflet ; enfin, un minuscule poignard en or massif était passé dans sa ceinture.

Louison s’empressa de tendre la main à cet étrange personnage, qui, bien vite, sauta sur le gazon. Durant quelques secondes Louison et le nain se regardèrent avec attention. Le garçonnet se mit à rire. Il était si amusant à observer, ce gnome, car c’était bien là un gnome, le frère de Cloclo se rappelait en avoir vu dans un film enchanté. Comme la main mignonne du petit vieillard tremblait. Elle se posait sur la garde du poignard, ou bien glissait lentement, très lentement, le long de la barbe. Peut-être ce gnome dérobait-il trop son regard ! Peut-être aussi, les minuscules narines, frémissantes, indiquaient-elles une nature avide, curieuse, cruelle… Mais comment ce bon gosse de Louison aurait-il deviné des nuances à peine perceptibles ? Comment surtout se serait-il méfié en présence de l’agréable nain qui venait de le divertir à ses dépens ? Car, il n’y avait pas à hésiter, il voyait bien là, la main qui lui avait tout à l’heure tendu un billet. Il la reconnaissait à la bague ornée d’un immense onyx noir entouré de diamants d’un feu extraordinaire. Puis, autre preuve, la badine qui l’avait fait bondir, rire, se rouler aux pieds de la princesse était encore là, passée dans la ceinture du gnome.

« Salut, Messire, ! fit Louison, à la fois très satisfait et poli. Quoique je ne vous aie pas été présenté, je vous dois déjà beaucoup. Me permettez-vous de prendre une honnête revanche, si l’occasion me favorise ? Mais cela serait irrespectueux pour vos cheveux blancs. Je ne dois