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une révolte au pays des fées

— Alors, ma princesse, continua Don Quichotte, nous allons donc guerroyer contre les amis de Satan dans l’Île, dite d’Orléans ? Bien.

— Ne croyez-vous pas, messire, qu’il vaudrait mieux de ne pas perdre un temps précieux auprès de ces sorciers impénitents, dit la petite voix claire de Poucette. L’anxiété y perçait. La cause de mes amis souffrira peut-être de ce retard, Seigneur. Mais… s’empressa d’ajouter Poucette, en voyant Don Quichotte froncer les sourcils, faites comme bon vous semblera. Votre sagesse me donne pleine confiance.

— Qu’en penses-tu, Sancho ? Cette gentille petite serait heureuse si nous lui faisions le sacrifice d’un acte héroïque. Qu’en penses-tu ?

— Votre volonté sera la mienne, mon maître. Mais au fond, elle a raison, la Poucette. Satan et ses amis peuvent attendre. Tandis que les malheureux du convoi de cette nuit… Existent-ils encore seulement ?

— Oui, oui, dit Poucette c’est d’un guet-apens qu’il s’est agi, non d’une exécution, bon Sancho.

— Bien, bien, sage discoureuse, s’empressa de répliquer Sancho Pança. Nous ferons, mon maître et moi, selon votre désir. Mais… par exemple, maître, tout ce que je puis vous dire, c’est que si vous revenez bredouille de cette expédition, vous n’en entendrez plus la fin… Les femmes sont comme cela. Nos succès les rendent muettes et souples ; nos défaites, éloquentes, impérieuses et sans merci. Pensez-y, mon maître pensez-y bien.