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une révolte au pays des fées

— Maître, admirable défenseur des opprimés, si ce triomphe était une chose assurée en tous temps, en tous lieux, pourquoi vous imposeriez-vous la tâche de chevalier errant ?

— Tais-toi, Sancho. Le vulgaire ne peut pénétrer ces apparentes contradictions.

— Don Quichotte, vous avez raison, murmura Petite Poucette, en faisant la révérence, les bons ont toujours le dernier mot, pourvu que leur patience soit à la hauteur des événements. Mais en ce moment, puisque c’est nous qui sommes les bons, allons travailler à notre triomphe. Il en sera plus rapide.

— Bravo ! Poucette, comme tu sais parler, s’écria Don Quichotte, dans l’enthousiasme. Tu loges un esprit énorme en ton corps fluet.

— C’est pour cela qu’il s’en échappe, monseigneur. Il se sent à l’étroit, répartit en riant la petite.

— Et puis, Madame Poucette, continua avec philosophie Don Quichotte, vous êtes une femme. Les femmes aiment qu’on agisse, elles se moquent de la pensée.

— De la pensée, des penseurs, des Pança aussi, grimaça Sancho. Si mon impérieuse épouse était ici, ce qu’elle s’amuserait de nous voir prisonniers comme des rats en cette île maudite.

— Ne marmotte donc pas ainsi, Sancho. Garde le silence, ou élève avec fermeté la voix.

— Oui, mon maître.

— Monseigneur Don Quichotte, supplia Petite Poucette, si nous cessions de raisonner, si nous allions explorer l’île ?