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une révolte au pays des fées

— Que renferme alors ce nuage d’enfer, petite ?

Regarde, la lumière s’obscurcit, le vent gémit, il siffle, il hurlera bientôt. Le sais-tu, fillette, dis ? interrogea Don Quichotte.

— La neige va tomber, Monseigneur.

— La neige ?

— La neige, cria Sancho ? Qu’est-ce que c’est que cela ? C’est dangereux, la neige, brimborion ?

Petite Poucette rit de bon cœur.

— Ô pauvre Sancho, dit-elle, qui n’a pas encore vu la belle neige du bon Dieu ! Soyez tranquille. Elle va tomber avec abondance tout à l’heure. Elle recouvrira la terre d’un tapis blanc, qui deviendra éblouissant demain sous le soleil. Tenez… des flocons étoilés tournoient déjà autour de vous. Votre bonnet s’en orne, Sancho, et vous, monseigneur, la cape sous laquelle vous m’abritez avec bonté.

— Peuh ! gronda Sancho. Votre neige ne me dit rien qui vaille. Elle me gèle le nez sans cérémonie. Il fait un froid indigne d’un honnête Espagnol ! Ne trouvez vous pas, monseigneur ?

— À la guerre comme à la guerre, voyons mon ami. Quel douillet tu fais sans cesse ! Et puis, dis donc, — et le noble hidalgo se redressa, — est-ce d’un honnête Espagnol, de manquer d’héroïsme, où que l’on se trouve, quoi que l’on doive subir ? Tu me fais honte, Sancho.

— Pardon, maître, je déraisonne. Mais rappelez-vous qu’il est permis à un manant de réclamer un bon gîte, un peu de feu et quelque chose à se mettre sous la dent. À vous, bien entendu, ces faiblesses sont inconnues ».