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une révolte au pays des fées

lui mettaient une selle enduite d’un vernis collant ; d’autres, lui passaient en même temps autour du cou des rênes gluantes, où brillaient ici et là de petits clous rougis, tout brûlants.

En un clin d’œil, deux sorciers se furent emparés de Don Quichotte, l’eurent placé sur le cheval et eurent donné des ordres à quatre lutins qui se placèrent deux en avant et deux en arrière du chevalier ahuri.

« Vous avez bien compris mes instructions, canailles ? dit d’une voix caverneuse l’un des deux sorciers. Allons, je vous les répète encore une fois. Vous vous mettez, sur l’heure, en route pour la caverne du Lac Saint-Jean. Vous brûlez les étapes. Vous galopez au-dessus de la terre et des eaux. Avant l’aube, souvenez-vous en, vous devez être à destination. Sinon, malheur à vous, comme à votre idiot de captif ! La sorcière d’Haberville vous attend en compagnie de ce messire. Ne doit-il pas servir, à certaines fins que seule notre sorcière connaît ?

— Misérables démons ! » hurlait intérieurement Don Quichotte qui ne pouvait élever la voix à cause du bandeau serré qui lui entourait la figure.

Pan ! Pan ! Deux affreux coups de rênes sur le cou de Rossinante, et voilà nos voyageurs soulevés dans les airs. Quel galop fantastique ! Don Quichotte se sentait inquiet, quoique nullement effrayé. Qu’allait-on faire de lui, là-bas ? Quelles étaient ces fins auxquelles on l’emploierait ? Bah ! on pouvait, certes torturer son corps mais que pouvait-on contre son âme de croyant ?… Et cette caverne du Lac Saint-Jean, qu’était-ce cela ? Une antichambre de l’enfer, sans doute ? En tout cas, elle ne