Page:Daviault - Histoires, légendes, destins, 1945.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sion, devant cent personnes, exécutée d’un coup de flèche mortel. »


Montesquiou savait faire la part des choses et aucune querelle ne le portait à mépriser une belle œuvre. Il eut un duel avec Henri de Régnier, mais il admira toujours le poète et faisait réciter de ses vers dans ses fêtes par les meilleurs acteurs.

Quand il mourut, sept personnes seulement le menèrent au cimetière de Versailles, où, de par le désir qu’il en avait exprimé, un marbre noir, — anonyme, sans aucune inscription, — marque sa sépulture.

Alfred Jarry, auteur du fantastique Ubu-roi, menait la vie de bohême intégrale. Un soir, il avait invité divers écrivains, dont Octave Mirbeau, à déjeuner à la campagne. Les gens trouvèrent le couvert mis sur un établi.


« Les assiettes étaient des ronds découpés dans du papier. Au centre, sur une feuille de chou, s’allongeait, pour tout repas, un barbillon cru ; car Jarry, qui pêchait beaucoup à la ligne, avait l’habitude de manger le poisson à sa sortie de l’eau, sans même arracher l’hameçon. »


Autre original, Gustave-Charles Toussaint, procureur de la république à Tananarive, était, bien que grave magistrat, poète frénétique.


« De cuisantes nostalgies le poussaient parfois vers d’étranges contrées. Traversant seul et à pied une région anthropophage dans je ne sais quel pays, Toussaint, menacé d’être cuit et mangé comme trois